Le diable est dans les détails
sept. 24
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Détail ou enjeu ?
Le diable est dans les détails. J’aime cette phrase. Elle me rappelle que les chemins qui paraissent les plus simples sont souvent ceux où l’on trébuche. J'aime me la rappeler, comme pour exercer ma propre vigilance face à ces avenues qui semblent toutes tracées et faciles à dévaler.
Avec le temps, mon expérience de l'innovation m'a appris que ce que l'on considère comme un simple détail se révèle souvent être, non pas un détail, mais bien un enjeu crucial.
C'est là que la reformulation s'impose : le diable est dans les détails .... de ceux qui les considèrent comme tels!
'Il n’y a plus qu’à" : LE signal d'alarme
A mes oreilles, les 'Il n’y a plus qu’à!' ou les 'Ça sera facile!' sonnent comme de petites alertes. Des indicateurs qu’il y a sûrement tout à faire, sauf .. "plus qu’à".
Aussi séduisant que trompeur, le 'y' a plus qu'a' est souvent l'expression d'une mésestimation de complexité, d'enjeu, ou d'effort à fournir. Là ou l'émetteur perçoit un détail ou une formalité, la réalité impose rigoureusement un ensemble de situations à résoudre, nécessitant des compétences spécifiques, des expertises solides, et un degré de difficulté bien supérieur à ce qui avait été anticipé.
Ci-dessous, je vous partage trois 'y'a plus qu'à' , rencontrés maintes fois sur mon parcours. Vous les trouverez peut-être, ainsi considérés hors de l’action, d’une banalité monstre, voire d’une évidence folle ! Mais en pratique, dans l'action, la tentation de minimiser les écarts est bien plus grande qu’on ne le croit.
#1 Quand on parle d’innovation, on pense encore trop souvent au cœur de l’innovation, c’est-à-dire concrètement, à l’invention.
Selon les biais de l’entreprise qui innove, on peut tendre à mettre de côté une partie de l’intégration de l’invention sur son marché et/ou dans la chaine de valeur de l’entreprise. Un lien fragile avec l’équipe et le travail commercial ? 'y’a plus qu’à vendre' ..
Un service clients pas assez formé ou informé ? ' On verra quand on y sera ' ..
Pour éviter ces écueils, il est essentiel de considérer que l’innovation ne s’arrête pas à la prouesse technique, scientifique, technologique. Le travail d’innovation continue au-delà du travail de développement, jusque dans son intégration dans les opérations courantes de l’entreprise.
Bien que cette intégration soit souvent envisagée comme « les derniers mètres » d’un projet innovant, ils ne sont en aucun cas une formalité :
- De la transmission complète entre les équipes de développement et celles chargées de l'exploitation dépend le succès marché et doit être abordé avec autant de sérieux et de rigueur que les phases de développement.
- L’intégration doit être anticipée au plus tôt dans le projet afin de créer les ponts nécessaires entre développeurs et intégrateurs tant pour répondre à des enjeux d’adhésion que de finetunning de l’innovation.
#2 L’innovation n’est pas un concept absolu. C’est une valeur relative !
Ce qui est nouveau pour moi ne l’est pas forcément pour un confrère ou un concurrent. Ne pas s’approprier cette notion fait courir le risque de ne pas bien identifier ou commence le travail d’innovation pour mon organisation et donc, risque d’aboutir à une mauvaise évaluation de l’effort et/ou de la complexité du projet.
Une organisation qui vend du produit et souhaite innover via une nouvelle offre de services devra appréhender le travail d’innovation à effectuer non seulement du point de vue du contenu de son offre, mais également du point de vue de l’approche services. Si on reprend l’exemple de l’équipe commerciale, il faudra s’interroger sur la culture ‘Services’ de l’équipe commerciale, sa capacité à assimiler un nouveau langage, un nouveau cycle commercial. Investir le temps nécessaire et peut être un soutien externe pour former cette équipe. Quoi qu'il en soit, il faudra s'efforcer de ne pas se réfugier confortablement dans de rapides présomptions de compétences, dès lors qu'il s'agit d'un terrain inédit.
Enfin, je noterai un troisième et dernier item de la checklist.
#3 Innover perturbe toujours l’ordre établi.
Le mouvement, la transformation, l’innovation viennent toujours impacter le système profond de l’entreprise, sa culture, ses relations. Les effets de bords culturels de l’innovation sont donc inévitables! Aussi petite soit l’innovation, aussi petit soit le mouvement, il viendra projeter et bousculer des petits bouts d’imaginaires, qui, mis bout à bout les uns aux autres contribuent à l'évolution de l’entreprise. Il convient, à mon sens, d’en être conscient afin de ne pas être surpris des interrogations, frustrations et nouvelles envies que les projets innovants génèrent dans l’organisation.